mardi 3 mars 2015

Lundi 11 septembre 1995 : Le Cuveau des Fées – Darney.

Le temps s'est sérieusement dégradé : vent et pluie battante intermittente. Des chercheurs de champignons fouinent autour de la camionnette.
A 10h15, laissant Viviane sur place, je reprends mon chemin, pénétrant dans la forêt, revêtu de ma cape de pluie. Je m'égare non loin de là, tourne en rond, reviens sur mes pas sans m'en apercevoir. Entre-temps, Viviane est repartie.

C'est en m'enfonçant tout droit sous forêt que je rejoins la source du Madon. Le soleil réapparait, momen-tanément. J'atteins alors le site du Cuveau des Fées, à l'entrée du Vallon druidique ou vallée de la Blanche Femme.
Le culte druidique introduit par les Leuques, un peuple celte, y était célébré par des druidesses qui résidaient dans une grotte profonde. Tout le vallon atteste de l'intense activité de cette population gauloise. La région fut ensuite conquise par les Romains, et le christianisme se substitua à la religion druidique.
Une étrange pierre de grès bigarré, de forme octogonale d'un diamètre de 3,70 m, gît dans la forêt. Apparemment « fabriquée » sur place, elle a lentement glissé le long de la pente vers le ruisseau. En aval, le front de taille d'une carrière, l' « amphithéâtre », confirme l'hypothèse d'une cité d'agriculteurs, bûcherons et carriers. 



Je passe ensuite au Fanum, petit temple des druidesses, puis devant la chapelle St Martin construite à quelques pas de la grotte. Près de la grotte se trouve une source, la Fontaine le Bœuf.
Ainsi le sanctuaire chrétien a pris la relève du sanctuaire païen. Pendant des siècles, l'endroit a été occupé par des ermites. La chapelle, détruite il y a environ 60 ans, a été rebâtie en 1959 par les habitants d'Escles.



Quittant ce lieu chargé d'histoire, le GR 7 effectue un demi-cercle dans le bois de la Louvière sur une route forestière et grimpe ensuite tout droit dans une plantation récente. Le balisage blanc et rouge laisse à désirer. Par des layons et sentiers je rejoins une lisière sur les prairies entourant Vioménil. Je contourne l'étang de la Faignotte et arrive à l'entrée de Vioménil, où se situe la source de la Saône. Je n'entre pas dans le village mais poursuis tout droit jusqu'au bord de la Saône.
Je vais maintenant emprunter une petite route empierrée le long de la rivière qui n'est encore qu'un ruisseau se faufilant sous les arbres et dans des prairies humides. La route suit le vallon vers l'ouest. A 13h, j'atteins sous une nouvelle averse La Bataille, hameau perdu où subsistent des vestiges d'une ancienne verrerie. Partout dans la Vôge, on rencontre d'anciennes verreries, mises à feu depuis le XIVe siècle, et aujourd'hui toutes éteintes.
J'aperçois le Trafic garé sur un terre-plein. De la fumée et une odeur de cuisine s'en échappent. Viviane est en train de préparer le repas !

Je repars à 14h30, profitant d'une accalmie. Je franchis la Saône sur un pont de pierres et remonte dans le massif au-dessus de la vallée. Des chiens de chasse dévalent non loin de moi en aboyant.
J'emprunte route et tranchée forestières pour redescendre dans le val de Saône et franchir un affluent, le ruisseau de la Croisette. De hautes roches gréseuses avec des grottes dominent le val. Je poursuis dans la vallée, puis je remonte dans un massif forestier pour le traverser par une succession de tranchées rectilignes pendant 7 km.
Le ciel s'est peu à peu dégagé. Lorsque je parviens à la maison forestière du Carrefour, la clairière est ensoleillée. Je poursuis par la route forestière, je passe sous l'ancienne voie ferrée Darney – Epinal. Je remonte par un chemin herbeux entre les prés où paissent des chevaux. Je débouche alors sur les maisons de la Côte de Darney. Je contourne l'agglomération par le sud et descends sur la D5 au bord de la Saône. Il est 17h15. Je suis à l'entrée de Darney, localité d'origine celtique blottie au pied de son église et de son château.

Je retrouve Viviane. Nous allons boire un pot dans un bistro puis nous installer au camping municipal. Il est encore libre d'accès mais doit être en passe de fermer. Nous sommes en effet seuls dans l’enclos désert, excepté un camping-car d'Allemands qui nous rejoindra un peu plus tard. Nous profitons des derniers rayons du soleil en mangeant à l'extérieur du Trafic.
Je ferai encore une petite promenade de nuit sur les hauteurs du bourg.


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